Comment mettre en place un programme de tissage ?
Tout commence par une rencontre
La mise en place d'une coopérative de tissage, commence comme Opportunity for Women, par une rencontre. Grâce à des contacts locaux (Birmanie, Laos, Cambodge et Vietnam) et des rencontres providencielles, nos identifions des tisserandes, ensuite nous allons leur rendre visite avec une personne qui les connaît et parle leur langue.
Nous commençons par leur parler et leur demander si elles tissent. Avec un grand sourire ou une timidité, elles nous montrent leur métier à tisser, ce ne sont parfois que quelques morceaux de bambous, et surtout leurs vêtements traditionnels.
La grande question : veulent-elles recevoir des commandes de tissus
Rapidement, nous leur demandons si elles aiment tisser et si elles souhaiteraient recevoir des commandes. La plupart du temps elles en ont très envie. Un groupe de 10 tisserandes au Vietnam a accueilli Lucie les bras ouverts en espérant pouvoir tisser à plein temps depuis chez elles, plutôt que d'être vendeuse ou de faire des ménages dans des familles de l'ethnie Kinh (ethnie majoritaire du Vietnam).
Alors nous leur expliquons comment nous travaillons : en identifiant avec elles les matières premières, en faisant un catalogue de motifs puis en passant commande.
Première étape : observer leur tissage et comprendre d'où viennent les matières premières
D'abord, nous observons comment elles tissent : par terre, sur un métier à tisser ... et nous leur demandons d'où viennent leurs matières premières. Certaines savent encore teindre du coton, qu'elles cultivent parfois elles-mêmes, d'autres achètent des fils de polyester sur le marché d'une ville voisine.
Deuxième étape : identifier les matières premières
Ensemble nous décidons des matières premières avec lesquelles nous travaillerons. Nous avons une préférence pour les matières naturelles et les teintures végétales produites dans le village des tisserandes, sinon dans un village proche. Dans certains cas nous choisissons des fils de polyester certifiés Oeko-Tex afin de permettre aux tisserandes de tisser au plus vite et d'avoir un revenu complémentaire. Sur le long terme, nous cherchons des alternatives plus durables.
Troisième étape : tisser un catalogue de motifs traditionnels
Avec les tisserandes nous prenons des photos des motifs et notons si possible leur nom (dans le dialecte des tisserandes) et leur signification. Ensuite nous choisissons 3 à 10 motifs pour le catalogue, et nous passons une première commande de ces motifs, avec parfois des adaptations de couleurs et de largeur. Le catalogue ainsi tissé nous permet d'aider les femmes dans leur business développement.
Quatrième étape : commande de tissus
Nous passons alors une première commande de tissus qui seront assemblés en coussins ! Ces coussins sont vendus sur notre site et nous permettent d'avoir une première gamme de produits avant de faire des collaborations avec d'autres marques, décorateurs ou magasins.
Cinquième étape : appui au business développement
Une fois que les questions logistiques sont réglées et que les tisserandes sont capables de comprendre nos commandes, nous les aidons dans leur business développement. Nous nous centrons aujourd'hui sur le marché européen en attendant que le marché en Asie du Sud Est reprenne (nous avions identifié des possibilités liées au tourisme, mais qui sont suspendues à la suite du COVID-19).
Sixième étape : financement de projets dans les villages et empowerment
Grâce aux bénéfices des ventes nous finançons dans les villages des projets autour de la transition écologique et solidaire : éducation, agriculture durable, empowerment. Notre objectif est d'aider ces villages à développer des activités durables et dignes pour maintenir des emplois dans les villages, aider ces populations à sortir de la précarité et préserver les cultures et savoir-faire.